mardi 26 juin 2018

La Fantasy et le Réalisme : L'exemple de Dragon Age Inquisition

Il y a quelques mois, en Janvier je crois, on a pu assister à un MEGA-SHITSTORM sur Twitter parce qu'une personne avait osé dire "J'aime bien Kaamelott mais c'est un peu homophobe et misogyne des fois" ou un truc comme ça. Et évidemment tout le monde s'est senti personnellement attaqué et même Astier à répondu (d'une manière malheureusement très puérile surtout compte tenu de la partie J'aime bien Kaamelott). Parce que bien entendu quand tu aimes quelque chose tu dois absolument tout aimer et ne jamais le remettre en question et si tu n'aimes pas 1 truc dans un film ou une série, il faut absolument que ce soit une grosse merde. La nuance c'est pour les fragiles.
Bref, il y a eu ça et parmi les réponses effarées (et souvent effarantes) des personnes qui étaient blessées qu'on ose critiquer vite fait la meilleure série française de tous les temps, une chose revenait souvent : "L'homophobie et la misogynie a sa place là-dedans parce que c'est réaliste".
Ok.
Donc je suppose que la magie, les dragons et toutes ces choses qui sont dans la série sont donc là pour le réalisme aussi ? Et tout le progressisme apparent de la politique d'Arthur, c'est réaliste alors ?
Est-ce que la Fantasy c'est fait pour être réaliste... ou fantasiste ?
Je veux pas rentrer dans un débat du "est-ce que Kaamelott est homophobe et misogyne", parce que j'ai pas envie.
Par contre cet argument du réalisme dans la fantasy me gave un peu, surtout quand on a joué à des vrais jeux de fantasy qui n'ont pas peur d'aborder des sujets d'actualité. Et comme j'avais envie de parler de Dragon Age Inquisition depuis longtemps, c'est vraiment l'occasion rêvée.

Dragon Age Inquisition est le 3ème volet de la série fantasy Dragon Age et, malgré un second épisode un peu faiblard mais possédant quelques fulgurances bienvenues, c'est un excellent jeu. Et il y a deux éléments particuliers dont j'aimerais vous parler, liés à deux personnages du jeu, qui prouvent que la fantasy c'est mieux quand c'est parfois un excellent moyen de refleter notre société, pour peu qu'on ne se donne pas l'excuse du "faut que ce soit réaliste" et qu'on embrasse totalement la magie de l'univers.

Dorian 

Dorian est l'un des personnages jouables du jeu, il est même assez important dans l'intrigue principale, mais surtout vu qu'on est dans un jeu Bioware : Dorian est baisable. Oh pardon, Romançable (ça veut dire qu'on peut le baiser donc c'est la même chose en fait). 
Mais attention, il n'est pas baisable par n'importe qui, il est gay. Donc là vous vous dites : ouais ok génial on a déjà vu ça ailleurs et en plus y'a d'autres personnages gays ou bi dans ce jeu et dans les autres jeux Bioware. Alors oui, effectivement. Mais Dorian a une spécificité que les autres personnages gays et bis n'ont pas : il a une quête secondaire qui traite de ce sujet. 
Donc c'est pas genre "Ohlala il est gay, baisez-le" comme les autres dont on se fout de la sexualité. Sa quête parle d'homophobie. Et là on part en spoilers, donc voilà. 

Dorian est un mage, qui vient d'une famille da mages riches d'un pays où le statut et les aparences sont primordiales. Il avait donc sa vie toute tracée : son futur métier, sa fortune, sa femme... ses parents avaient déjà tout préparé. Sauf qu'en fait bah il voulait pas, et puis en plus comme on l'a dit il est gay donc se marier à une femme c'était pas trop son kiff. Donc il leur a dit et son père, en bon mage réaliste de son époque des Dragons a décidé d'utiliser la magie pour (wait for it) guérir sa gaytude. 
Ça vous rappelle rien ? 
Un indice chez vous :


Et c'est super bien, parce que ça utilise un élément de fantasy (la magie) pour montrer qu'un personnage est mauvais (le père de Dorian) et lui faisant faire quelque chose que les méchants du vrai monde font aussi ou du moins ce à quoi ces méchants aspirent. Et en plus ça accentue la tragédie du background d'un personnage déjà super cool. Bref, que du positif et 0% de réalisme. 

Krem 


Krem est un membre de la Charge du Taureau, un groupe de mercenaires emmenés par Iron Bull. On peut passer plus ou moins toute la partie sans vraiment lui parler, mais si on tape la discute on apprend très vite que Krem est transgenre. Assigné femme, il s'est toujours senti homme et a été accepté tel quel par Bull, qui le considère comme un homme parce que c'est comme ça. Déjà j'adore le message apporté par Bull qui dit en gros que c'est pas ce que tu as entre les jambes qui définit ce que tu es et que si tu es un homme dans un corps de femme, eh bah t'es un homme et puis c'est tout. 
Mais le petit détail qui me fait un peu craquer c'est qu'on peut lui demander si il a déjà pensé à avoir recours à la magie pour obtenir l'apparence d'un homme, ce à quoi Krem répond que non, il n'a pas besoin de ça. Ce qui me plait c'est pas qu'il dise non, il aurait dit oui ma réponse aurait été la même. 
Ce que je trouve génial c'est qu'encore une fois on utilise la magie dans le cadre d'un sujet contemporain et que ça marche, quand ça arrive tu te dis "ah mais ouais c'est pas con ça". 


Enfin bref, tout ça pour dire que le "réalisme" dans la fantasy, c'est du bullshit, et je dirais même plus que c'est encore mieux quand c'est pas "réaliste" parce que ça permet de parler de plein de choses. 

Conclusion
  • Jouez à DAI
  • Soyez vous-mêmes
  • Happy Pride Month

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire